mercredi 22 mai 2013

Histoire de ruisseau

Le 22 mai, Josée Soucie et moi avons exploré un ruisseau du secteur Aylmer. Ce petit cours d'eau est permanent. Il traverse un milieu urbain, puis un golf, puis un parc boisé de la Commission de la capitale nationale (ccn), avant de se jeter dans la Rivière-des-Outaouais (45°23'26.92"N, 75°47'19.45"O).

L'embouchure du ruisseau (A) est sous l'eau. Nous avons remonté le ruisseau à partir du marais herbeux (B) jusqu'à la route (boulevard Lucerne).

C'est un très beau ruisseau. La végétation est luxuriante. Josée a vu un cerf. Il y avait d'ailleurs beaucoup de traces. J'ai vu un rat musqué. Plusieurs oiseaux à la pêche dans le ruisseau. Nous avons compris quand nous avons vu la quantité de petits poissons dans l'eau (identification à venir).

L'embouchure du ruisseau. La rivière-des-Outaouais au fond, la ville d'Ottawa de l'autre côté.

Dans la rivière-des-Outaouais, je n'ai trouvé aucun Odonate, aucun invertébré, aucun poisson. Le niveau d'eau est encore très haut. Il vente beaucoup et il y a de la vague. Nous sommes en aval des Rapides Deschênes, ce qui contribue peut-être aussi à la grande agitation de l'eau.

Près de l'embouchure, en regardant vers l'amont du ruisseau. Un grand marais herbeux.

En remontant dans le marais herbeux. Le ruisseau compte de nombreux micro-habitats (sous la végétation des berges, sous les pierres, dans le gravier, dans la vase)

À l'approche du boisé, la végétation est de plus en plus luxuriante.





Dans tout le marais herbeux, nous n'avons vu aucun odonate (ni en vol, ce qui n'était pas surprenant vu le temps frais et  gris, ni dans l'eau). Ce qui m'a frappé, c'est qu'il n'y avait pas beaucoup d'invertébrés ici. Les seuls qui y étaient omniprésents étaient les Gammares et un Gastéropode sans opercule. Deux groupes d'invertébrés considérés comme tolérants à la pollution. Il y avait également beaucoup de petits poissons, une vraie pouponnière.

En entrant dans la zone plus boisée, dans un petit élargissement du ruisseau, j'ai trouvé les 4 seuls odonates de notre périple: 2 larves d'Aeschne des pénombres (Aeschna umbrosa) (1 mature, 1 presque mature); 1 larve d'Agrion vertical (Ischnura verticalis), 1 larve d'Agrion (Enallagma ebrium ou E. hageni).  


Les 4 odonates étaient sous la végétation, en bas à droite de la photo.

Le ruisseau serpente à travers le boisé ouvert. Nous n'avons pas trouvé d'autres odonates. Il y avait aussi très peu d'invertébrés en général. 1 énorme larve de Tipulidé, 2 larves de Trichoptères (avec cases).






Pourquoi y avait-il si peu d'invertébrés ici, autant en quantité qu'en diversité? Il se peut que ça ait à voir avec la saison. Il s'agit certainement  d'un ruisseau dont le niveau varie beaucoup en fonction des saisons et des pluies.

Il se peut aussi que cette pauvreté soit due, au moins en partie, à la pollution. Un ruisseau qui serpente à travers la ville doit nécessairement ramasser toutes sortes de contaminants. De plus, juste avant d'entrer dans la zone boisée, ce ruisseau traverse un golf. J'ai vu une vingtaine de balles de golf dans l'eau du ruisseau. Si les balles se rendent ici, il doit en être de même pour les fertilisants et pesticides...

Devant une telle hypothèse, je ne peux pas m'empêcher de faire quelques réflexions écologiques: Si l'eau est polluée, il est certains que les poissons le sont, et qu'ils contaminent à leur tour les plus hauts maillons de la chaîne alimentaires, entre autres les oiseaux et les tortues. Les herbes par contre semblent profiter de la situation et c'est tant mieux: elles jouent sans doute un rôle très important de filtration et de décontamination de l'eau avant que celle-ci n'arrive dans la Rivière-des-Outaouais.

L'histoire de ce ruisseau, c'est sans doute aussi l'histoire de beaucoup, beaucoup d'autres ruisseaux de Gatineau...

Grande aigrette à l'embouchure du ruisseau

Référence:

Moisan, J. 2010. Guide d'identification des principaux macroinvertébrés benthiques d'eau douce du Québec, 2010-surveillance volontaire des cours d'eau peu profonds. Direction du suivi de l'état de l'environnement, ministère du Développement durable, de l'environnement et des parcs, 82 p.

2 commentaires:

  1. Je viens de découvrir votre Blogue, je connais très bien aussi les libellules, Raymond Hutchinson fut autrefois même mon ''mentor', du temps de l'AEDES. De mon coté, ce sont surtout les libellules de l'île d'Anticosti que je travaille mais je sais qu'ici dans le sud ouest du Québec, de nombreuses surprises nous attendent. Au plaisir de se rencontrer au hasard dans les sentiers avec nos filets! - Pascal Samson

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  2. Je transmets vos salutations à Raymond. Il a été- et continue d'être-un mentor d'une grande générosité et d'une passion contagieuse! Au plaisir- Caroline.

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