lundi 7 juillet 2014

Pluie

Aujourd'hui il pleut. J'en profite pour glisser un mot sur un phénomène qui a de grandes conséquences sur les libellules de Gatineau, celui des pluies fortes et subites.

Ces pluies entraînent des variations de débit d'eau aussi subites qu'importante, surtout dans les fossés et ruisseaux:

Un cours d'eau intermittent du secteur Aylmer (16 juillet 2013)
Un ruisseau du secteur Aylmer, tout de suite après une forte pluie. On est ici sur un terrain de golf; le ruisseau se jette dans la rivière des Outaouais quelques dizaines de mètre plus loin (23 mai 2013). 

J'ai lu quelque part que les crues subites pouvaient déloger environ 90% des invertébrés d'un cours d'eau.

Il s'agit d'un phénomène naturel, mais les conditions urbaines viennent l'exacerber par l'augmentation des surfaces imperméables à l'eau (asphalte, béton) et la diminution des bandes riveraines. Ces deux facteurs font que les cours d'eau enflent en un clin-d'oeil.


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Les crues subites ont d'autres effets sur les cours d'eau. Un effet que j'observe dans plusieurs ruisseaux et rivières est l'arrivée, après la pluie, de beaucoup de sédiment fin rendant l'eau opaque.

Le ruisseau des Fées après la pluie (18 juin 2013)
Je suppose que le phénomène est naturel puisque nous sommes dans une région où le fond des cours d'eau est souvent meuble et le sol de nature argileuse. D'après moi, les conditions urbaines viennent toutefois exacerber le phénomène. Les bandes riveraines sont tellement misérables par endroit qu'elles ne peuvent de toute évidence plus retenir beaucoup de sédiments. 

Plusieurs espèces de libellules sont incapables de vivre dans des eaux chargées de sédiment.

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Une autre conséquence majeure des crues subites à Gatineau: le phénomène de surverse, ou en terme clair le déversement d'eaux usées dans les cours d'eau suite à une surcharge du système d'égout de la ville.

Le déluge du 24 juin dernier a entraîné le pire déversement d'eaux usées en 4 ans à Ottawa-Gatineau (voir le reportage de Radio-Canada)

L'apport d'eaux usées dans un cours d'eau entraîne son eutrophisation (réchauffement de l'eau, diminution de l'oxygène dissout, prolifération d'algues, etc). Certaines espèces de libellules adorent ces conditions. Il n'est pas surprenant que l'on trouve ces espèces en grande quantité à Gatineau! D'autres espèces de libellules sont toutefois incapables de survivre dans de telles conditions.

Un étang de rétention du secteur Aylmer (16 juillet 2013). L'eau a l'air d'une soupe verte.




2 commentaires:

  1. Billet très intéressant, même si un peu déprimant. Très pertinentes observations puisque, déprime ou pas, faut quand même savoir !
    Les deux premières photos ne montrent-elle le même ruisseau intermittent ?

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  2. Non, le premier est un cours d'eau intermittent dont je ne trouve pas trace sur les cartes de la ville, alors que le second est un vrai ruisseau, cartographié et protégé par la loi provinciale. Comment se fait-il que sa bande riveraine soit si mince? Les terrains de golfs font-ils exception?…Pour ma part Henri, je ne suis pas déprimée, mais plutôt fâchée!

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