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(photo: Ceylan Yuksel) |
L'odonatofaune du Québec, et du sud-ouest de la province,
en particulier, est une des plus riches au monde pour une zone tempérée froide
et une zone boréale et subarctique ( 146 espèces pour le Québec, autour de 125
espèces pour l'Outaouais, 104 espèces pour la ville de Gatineau, environ 100 à 110 espèces pour l'Europe, une
quarantaine pour la Grande-Bretagne.
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Plus de 57 espèces
sur les 146 sont réputées rarement trouvées si l'odonatologue ne s'intéresse
qu'aux odonates adultes; moins d'espèces sont rares si l'inventaire comprend la
récolte de larves et d'exuvies. Un véritable travail de détective.
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La saison de vol des libellules se profile de la façon
suivante : la première partie de la saison, printemps, début d'été permet
d'observer et de récolter des spécimens en grand nombre. C'est la période des
émergences massives d'un certain nombre d'espèces : les espèces à émergences
printanières; la deuxième partie de la saison se caractérise par des émergences
plus éparpillées; il s'agit des espèces dont la période de vol s'étend de la
mi-juillet à la fin de la saison de vol annuelle de nos odonates. On observe
souvent moins d'individus en vol, mais cette période reste riche en espèces et
en individus.
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(photo: CP) |
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La taille de nos libellules adultes est idéale pour
observer leur comportement en nature, comme on peut le faire pour les oiseaux.
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Les possibilités de la photographie numérique montrent que
les libellules, par leurs couleurs chatoyantes, sont parmi les plus beaux
insectes qui soient.
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L'examen des ailes, avec leurs nervures et leurs nervules,
est une source d'émerveillement constant, notamment en raison de leur diversité
et de leurs variations subtiles; le tout s'observe avec une loupe ou une
loupe-binoculaire peu coûteuse.
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L'examen des pièces génitales, qui sont généralement
externes, révèle une diversité de structures et de formes époustouflante (de
véritables oeuvres d'art).
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(photo: CP) |
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Le vol des libellules est unique dans le monde des vivants
et a éveillé l'attention et l'admiration d'ingénieurs en aéronautique comme
Sitkorsky (inventeur des hélicoptères modernes). Ils se sont émerveillés des
différentes capacités du vol, virage dans tous les sens, translation latérale,
recul, vol au point fixe, planage etc.
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Le vol des
libellules peut atteindre une cinquantaine de kilomètres l'heure dans certains
pays tropicaux (nos espèces peut-être une trentaine).
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Le modèle libellule
(morphologie, forme), comme on voit de nos jours est le même que les
libellules qui existaient environ 50 millions d'années avant les dinosaures,
selon une spécialiste des fossiles d'insectes de l'université Carleton, que
j'ai consultée.
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(photo: CP) |
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L'activité des libellules est un livre ouvert,
comportement territorial (variations importantes selon les genres et les
espèces), pontes (grande diversité), agressivité, prédation, dortoirs, tout se
déroule devant vos yeux; il suffit d'observer.
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L'observateur peut être témoin de centaines d'émergences
sur les rives et observer leur durée selon les genres, les espèces, les
émergences ratées, les nouveaux adultes, parfois victimes de prédation; tout
peut se documenter par l'observation directe et la photographie numérique; il
suffit d' être là!
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Le comportement
territorial. La prise de possession, l'occupation d'un site par des mâles :
souvent près du lieu de ponte; arrivée des mâles, avant les femelles; le site
peut se définir le lieu du rendez-vous des partenaires sexuels; la domination
du site par le mâle le plus agressif, et présumément en meilleure santé (état
physiologique); sites choisis selon l'accès aux ressources; fidélité aux sites,
selon les espèces; courtes périodes: ex. L. unguiculatus; quelques minutes de
plus : Argia tropicale, Enallagma boreale, E. carunculatum, E. civile; fidélité
persistante, longue aux sites de nombreuses espèces : Libellula, Leucorrhinia.
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(photo: CP) |
Types de comportement territorial pour moi, observable en
excursion : 1, patrouilleurs de longues distances : les Aeshna, Basiaeschna,
Boyeria, Somatochlora (plusieurs espèces, ex. S. cingulata); Didymops,
Macromia, Stylurus spiniceps et notatus; 2, patrouilleurs de courtes distances
: les 4 espèces d'Epitheca, les Helocordulia; 3, types de comportements
percheurs : Libellula, Leucorrhinia, Sympetrum?; 4, Calopteryx, Perithemis, etc. 5, Système
territorial complexe, non observable sans recherche scientifique à long terme,
voir Jacobs,1955. Studies in
territorialism and sexual selection in dragonflies. Ecology 36 : 566-86.
(Plathemis?).
Corollaire : à la survie des espèces : certains mâles
d'odonates possèdent une structure pour retirer d'une femelle le sperme
provenant d'un accouplement antérieur. (voir Waage, au moins cinq articles sur
le sujet : ex. : Waage, J.K. 1979. Dual function of the damselfly penis : sperm removal and transfer.
Science 203 : 916-918.
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Ouvrages à
consulter:
Corbet,
P.S. 1999. Dragonflies, Behavior and Ecology of Odonata. Cornell University
Press. Ithaca, New York. 829 pages.
Hutchinson,
R. et A. Larochelle. 1977. Manuel d'identification des libellules du
Québec. Cordulia. Supplément
4. 102 pages.
Lam, E.
2004. Damselflies of the Northeast. Biodiversity Books. Forest Hills, New York.
96 pages.
Needham,
J.G., Westfall, M.J., jr. et M.L. May. 2000. Dragonflies of North America
(revised edition). Scientific Publishers. Gainesville, Florida. 939 pages.
Paulson, D.
2011. Dragonflies and Damselflies of the East. Princeton Field Guides.
Princeton University Press. 538 pages.
Pilon, J.-G. et D. Lagacé. 1998.Les Odonates du Québec :
traité faunistique. Entomofaune du Québec inc., Chicoutimi, Québec. 367 pages.
Robert, A. 1963. Les libellules du Québec. Service de la
Faune. Bulletin 1. Ministère du Tourisme, de la Chasse et de la Pêche. Province
de Québec. 223 pages.
Savard, M. 2011.
Atlas préliminaire des libellules du Québec (Odonata). Initiative pour un atlas
des libellules du Québec avec le soutien d'Entomofaune du Québec
Walker,
E.M. 1953. The Odonata of Canada and Alaska. Volume I. The Zygoptera.
University of Toronto Press, Toronto. 292 pages.
Walker, E.
M. 1958. The Odonata of Canada and Alaska. Volume II. The Anisoptera, four
families : Aeshnidae, Petaluridae (une espèce), Gomphidae, Cordulegastridae.
University of Toronto Press, Toronto. 317 pages.
Walker,
E.M. et P.S. Corbet. The Odonata of Canada and Alaska. Volume III. The
Anisoptera : three families : Macromiidae, Corduliidae, Libellulidae.
University of Toronto Press, Toronto. 307 pages.
Westfall,
M.J., jr. and M.L. May. 1996. Damselflies of North America. Scientific
Publishers. Gainesville. Florida. 649 pages.
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[Raymond est présentement à Port-au-Saumon (camp ERE de l'estuaire) pour sa 112ème année consécutive. Je suis certaine qu'il a encore contaminé les jeunes avec sa passion, sa curiosité, son humour et ses connaissances encyclopédiques. Il participera demain à la cérémonie de dévoilement de la plaque commémorative pour le père Jean-Baptiste Genest, le fondateur du camp décédé l'hiver dernier.]