mardi 24 juin 2014

Et voilà les sympétrums

Le marais Lamoureux prend l'aspect d'une soupe verte. Sous le regard suspicieux des ouaouarons j'ai vu, en ce 22 juin:

Le Leste élancé (Lestes rectangularis) en émergence
La Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta) en émergence- encore elle! Il en est sorti des masses depuis un mois.

Une nouveauté cette année: Sympétrum éclaireur (Sympetrum obtrusum) en émergence.


Exuvie de Leucorrhine mouchetée à gauche, de Sympétrum éclaireur à droite. La différence de taille est surprenante. À l'âge adulte, ces deux espèces ont une taille similaire.

Une larve de Lydienne (Plathemis lydia) presque morte. A-t-elle été attaquée par la mouche alors qu'elle tentait d'émerger? La mouche (sciomyzidée?) perçait la larve avec son rostre et la tapotait du bout de son abdomen (ponte??). J'ai tout mis dans mon congélateur au cas où j'aurais du temps cet hiver pour étudier ce mystère.


Beaucoup de libellules adultes volaient aussi au marais: lydiennes, gracieuses, mélancoliques et leucorrhines mouchetées se livraient à de véritables acrobaties aériennes. Un bon temps de l'année pour observer le comportement fascinant de libellules en période de reproduction.

Un couple de leucorrhines mouchetées (Leucorrhinia intacta)


Au lac Leamy

Dans le temps des draveurs, un chenal a été creusé entre le lac Leamy et la rivière Gatineau. C'était commode pour trier et préparer le bois avant de le flotter jusqu'à la rivière des Outaouais.


Sur l'empiètement rocheux, on trouvait hier:

Gomphe fraternel (Gomphus fraternus)

D'innombrables argies en émergence (très probablement Argia moesta)

Gomphe épineux (Dromogomphus spinosus) en émergence. Cette année encore, il sort au même endroit et en même temps que les argies. Ça ne doit pas être un hasard.


Aujourd'hui, on ne voit plus de "raftsmens" au lac Leamy. Le lac demeure toutefois très modifié par les activités récréatives de toutes sortes. C'est aussi un site pour de grands rassemblements sportifs. Je n'ai pas vu une grande diversité d'odonates ici.  J'ai vu surtout 2 espèces le long des berges ouest :


Épithèque à queue de beagle (Epitheca cynosura)

Agrion arc-en-ciel (Enallgma antennatum). Un petit bijou que je n'ai pas vu dans beaucoup d'endroits à Gatineau. Il y a ici une grande population.


La décharge du lac Leamy est, elle aussi, profondément altérée par les activités humaines. Plusieurs autoroutes et boulevards l'enjambent.


Il y avait ici une émergence massive de Lestes élancés (Lestes rectangularis). C'est aussi un paradis pour les Libellulidées de toutes sortes.

La mélancolique (Libellula luctuosa). Celle-ci a raté son émergence.

La julienne (Ladona julia). Ce petit pépère est venu passer un moment sur mon filet.

L'aspect de la décharge du lac Leamy s'améliore à mesure qu'on s'approche de la rivière des Outaouais. Je n'y suis pas encore allée cette année, mais mes acolytes Raymond Hutchinson et Benoit Ménard me signalent y avoir vu des exuvies de Gomphes fourchus (Arigomphus furcifer) en fin de semaine.

vendredi 20 juin 2014

Nouveautés de la semaine dans la rivière des Outaouais

Gomphe cobra (Gomphus vastus)

Une espèce spectaculaire, présente le long de la rivière des Outaouais à plusieurs endroits dans Gatineau. Une spécialité locale.
Mâle ténéral (quelques minutes post-émergence).  Sa "spatule" est ridiculement large.
Femelle ténérale (quelques minutes post-émergence)
Femelle encore immature, mais déjà plus colorée


Épithèque de Provencher (Neurocordulia yamaskanensis)


Une autre spécialité du coin. On est au tout début de sa période d'émergence dans la rivière des Outaouais.  J'ai trouvé celui-là en amont du pont Champlain, près d'une zone de rapides modérés. Il était très endommagé. Son processus d'émergence semble avoir totalement déraillé, j'ignore ce qui a pu se passer.

L'épithèque de Provencher est une espèce crépusculaire. C'était la première fois que je voyais un adulte. Cependant, d'après le grand nombre d'exuvies que l'on trouve, il doit y avoir une (ou des) population(s) importante(s) à Gatineau.








lundi 16 juin 2014

Gomphes fraternels en marche

Dimanche matin dans Deschênes. Accès à la rivière des Outaouais par le débarcadère à bateaux de la rue Lamoureux.

Les Gomphes fraternels (Gomphus fraternus) sortent de l'eau. Un grand nombre en même temps.




Ils fonçent le plus vite possible vers un support d'émergence. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser au débarquement de Normandie.


Sur un muret, un tronc d'arbre, derrière une pierre...

…ou parmi les bouteilles cassées. N'importe quelle planque fait l'affaire.

Celles-ci ont réussit leur coup:





Je suis retournée en après-midi. J'ai n'ai trouvé que celle-là qui faisait de vaines tentatives pour s'envoler. Est-ce un promeneur qui l'a bousculée par mégarde alors qu'elle émergeait? Ou une simple bourrasque? Un petit rien aura suffit a faire échouer son émergence.



Que de miracles et de drames ont eut lieu ici aujourd'hui. L'entomologie rend philosophe.

samedi 14 juin 2014

Lac des Fées

C'est le déluge à Gatineau depuis quelques jours. Les plantes ont profité, les libellules n'ont pas dû beaucoup aimer...

Les libellules qui étaient en émergence au Lac des Fées le 7 juin:

Leste inégal (Lestes inaequalis)
Gomphe cornu (Arigomphus cornutus)
Épithèque à queue de beagle (Epitheca cynosura)
Épithèque princière (Epitheca princeps)
Gracieuse (Libellula pulchella)

En reproduction, 3 espèces étaient particulièrement visibles au lac:
Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta)
Julienne (Ladona julia)
Quadrimaculée (Libellula quadrimaculata)

Ce qui m'a frappée, c'est la présence de grosses masses flottantes sur le lac. Quelque chose comme des proliférations d'algues filamenteuses. Sans y connaître grand chose, je pense que c'est signe de pollution. En tous cas, certaines espèces de libellules les utilisent:

Ce gomphe cornu (Arigomphus cornutus) a émergé sur la masse flottante 

Les leucorrhines mouchetées (Leucorrhinnia intacta) se perchent sur les masses flottantes en grand nombre. Ils les utilisent comme si c'était des nénuphars.




En remontant le ruisseau des Fées:

Caloptéryx bistré (Calopteryx maculata)- ténéral
Aeschne printanière (Basiaeshna janata)
Cordulégastre maculé (Cordulegaster maculata)
Cordulie écorcée (Dorocordulia libera)
Gomphe descriptif (Gomphus descriptus)





Cordulegastre maculé (Cordulegaster maculata). Les mâles voyagent le long du ruisseau à moins d'un mètre de la surface de l'eau. Si on les rate à l'aller, on n'a qu'à les attendre pour le retour…leur parcours est très prévisible.



Gomphe descriptif (Gomphus descriptus). J'ai vu 2 mâles qui tapotait la surface de l'eau avec le bout de leur abdomen. Il paraîtrait qu'ils vérifient les conditions avant que des femelles viennent y pondre.


lundi 9 juin 2014

Dans la rivière des Outaouais

Quelques libellules commencent à émerger de la rivière des Outaouais, maintenant plus ou moins revenue dans son lit.

À l'ouest (lac Deschênes):


J'ai trouvé 2 exuvies renversées sur le sol, avec un bout d'abdomen de libellule toujours coincé dedans. Je déduis qu'elles se sont fait bouffer en début d'émergence. J'ai remarqué qu'un quiscale me suivait en scrutant attentivement le sol...




Les quelques autres exuvies que j'ai trouvées étaient toutes sur des troncs d'arbres à environ 2-5 m du rivage.

J'ai vu une larve en train de sécher sur un tronc. Je suis revenue la voir au bout de 15 minutes et elle n'avait pas du tout bougé. Je déduis que l'émergence est un processus assez long pour cette espèce. La stratégie du camouflage en forêt semble payante.


Et voici un adulte, dans la clairière tout près. On ne reconnait que les pattes!

La Macromie brune (Didymops transversa)- mâle immature déposé sur mon doigt

À l'est (Accès à la rivière via le marais des Laîches-Est):


J'ai cueilli ici 12 exuvies, toutes identiques, sur à peine une dizaine de mètre de longueur de berge. Elles étaient toutes entre les pierres à environ 30-50 cm de la ligne d'eau.

Dans un cas, il y avait une petite paire d'ailes à côté de l'exuvie. Signe de prédation.


Dans les champs d'à côté, j'ai vu quelques gros gomphes. Je n'ai pas réussi à en capturer un seul, et la seule photo que j'ai pu prendre est celle-ci:

Gomphe fraternel (Gomphus fraternus)

La photo est mauvaise, mais j'ai pu confirmer l'identification à l'aide des exuvies.

mercredi 4 juin 2014

Lac des Fées

Au lac des Fées, le 1er juin en avant-midi.

Il y avait une émergence massive d'Épithèque à queue de beagle (Epitheca cynosura). Je ne les avais pas remarqués de prime abord parce qu'ils émergeaient secrètement au creux des touffes d'herbe. C'est l'excitation des quiscales qui m'a mis la puce à l'oreille. Ils fouillaient dans les herbes et en ressortaient à tous coups avec une libellule au bec.


Épithèque à queue de beagle (Epitheca cynosura) en émergence


Également en émergence, une étrange demoiselle:


C'est le Caloptéryx bistré (Calopteryx maculata), presque méconnaissable sans ses couleurs (corps vert métallique, ailes noire).

Très peu de libellules en vol ce matin.

mardi 3 juin 2014

Forêt Boucher

Dans la Forêt Boucher, le 1er juin vers 17h30. Je m'empressais de rentrer car j'étais attendue pour souper.

C'est à ce moment là que je suis tombée sur une cordulie vraiment rare dans notre région: la cordulie de Franklin (Somatochlora franklini)! Un grand moment. Inutile de préciser que le souper a attendu!


Cordulie de Franklin (Somatochlora franklini), mâle immature


Détail

Mes remerciements aux collègues du groupe facebook 'Northeast Odonata' qui m'ont confirmé l'identification- en moins d'une heure! C'est une grande aide de pouvoir compter sur un réseau de gens aussi passionnés et aussi experts.

Mon mentor de libellules Raymond Hutchinson, qui connait très bien les Somatochlora, m'indique que les larves se développent dans des trous d'eau qu'on aurait tendance à négliger lorsqu'on recherche des libellules.



Liste des espèces vues (31 mai, 1-2 juin):

Leste dryade (Lestes dryas)- en émergence
Agrion boréal (Enallagma boreale)
Cordulie de Shurtleffer (Cordulia shurtleffii)
Cordulie écorcée (Dorocordulia libera)
Cordulie de Franklin (Somatochlora franklini)
Épithèque d'Uhler (Helocordulia uhleri)
Épithèque épineuse (Epitheca spinigera)
Macromie brune (Didymops transversa)
Quadrimaculée (Libellula quadrimaculata)
Lydienne (Plathemis lydia)
Leucorrhine frigide (Leucorrhinia frigida)
Leucorrhine hudsonienne (Leucorrhinia hudsonica)


Il reste encore des espèces à découvrir dans la forêt Boucher. À suivre.

Pour s'y rendre: L'accès à la forêt peut se faire par le sud, via le Parc des Jardins-Lavigne, ou encore par le nord (comme j'aime le faire), en stationnant au bout du chemin Antoine-Boucher. Les deux points d'accès sont aussi desservis par les transports en commun.