mercredi 25 mai 2016

Émergence de masse

Hier je suis tombée sur une émergence massive, ridicule, totalement EXAGÉRÉE. Des paquets de libellules qui sortaient en même temps. La végétation en était couverte sur toute la berge, et ce apparemment sur tout le périmètre de l'étang de castor (1 km, calculé sur GoogleEarth). Je n'ai jamais vu une chose pareille.






C'était l'épithèque épineuse (Spiny baskettail, Epitheca spinigera). J'ai vu des oiseaux qui en mangeaient, mais le plus excitant a été de voir 3 loutres, dont l'une "sautait" dans les quenouilles pour en attraper. Hé, c'est pas mal plus gracieux quand ça nage que quand ça saute, une loutre.
(Parc de la Gatineau, étang près de P8, 24-05-2016).

lundi 23 mai 2016

Ruisseau Chelsea

Promenade dans le ruisseau près de P8 (Parc de la Gatineau), sans filet, mais avec 'chest waders'.

Il fait beau, il fait chaud.

En vol: des épithèques (Epitheca sp.), des cordulies de Shurtleffer (Cordulia shurtleffi) et 1 anax (Anax junius).

En émergence dans la portion sableuse:

Gomphe descriptif (Gomphus decriptus)- beaucoup en train de sortir à 11h-midi


Aeschne printanière (Basiaeschna janata)- 1 seule trouvée, sortie à 11h


En émergence dans une portion à fond mou (amont d'un barrage de castor):

Gomphe pointu (Gomphus spicatus)- beaucoup d'exuvies et des adultes ténéraux dans les herbes; l'émergence a dû avoir lieu plus tôt ce matin. Note à moi même: attention avec les exuvies, G. spicatus et G. borealis se ressemblent beaucoup. RE-NOTE: Après examen, je pense que mes exuvies étaient des G. borealis. Voir avec Raymond et Benoît. Retourner à ce site pour voir des adultes.









et beaucoup d'agrions en train de sortir, d'après les exuvies je dirais l'agrion printanier (Enallagma vernale).

Photo du site:
portion sableuse

portion swompeuse. Les exuvies de G. spicatus étaient sur le barrage de castor (à gauche de la photo)



vendredi 20 mai 2016

Émergences (enfin)

Je pense que ce sont l'épithèque épineuse (Epitheca spinigera) et la leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta); à confirmer plus tard avec les exuvies (CONFIRMÉ). Les quiscales, les carouges et les bernaches en ont mangé beaucoup ce matin (marais Lamoureux, Gatineau).

Voilà un scénario qui rappelle celui du 21 mai 2014 (billet ici)! En 2014, le printemps avait été tardif, comme cette année.

Leucorrhine mouchetée



Épithèque épineuse










jeudi 12 mai 2016

Libellules en retard

Les libellules sont en retard cette année.

En 2015, on voyait l'anax précoce (Common Green Darner, Anax junius) à Gatineau le 29 avril. En 2014, année où le printemps fut particulièrement tardif, on en voyait le 10 mai. Cette année, on n'a pas encore vu cette libellule migratrice. À ma connaissance, les collègues d'Ottawa non plus.

Pour ce qui est de nos libellules locales: je n'ai encore rien vu émerger de mon "étang-témoin", le marais Lamoureux, ni trouvé d'exuvie. Les épithèques canines ont-elles raté leur coup cette année?? 
J'ai toutefois vu aujourd'hui une petite cordulie dans une clairière du parc de la Gatineau, probablement une cordulie écorcée (racket-tailed emerald, Dorocordulia libera).

Bizarre de printemps.

vendredi 22 avril 2016

LA VIE SECRÈTE ET MÉCONNUE DE LA DEMOISELLE, AMPHIAGRION SAUCIUM (BURMEISTER) (ODONATA : COENAGRIONIDAE)

Raymond Hutchinson (RH) et Benoît Ménard (BM)

Intro.

De nombreux entomologistes et naturalistes, surtout les débutants, ont une préférence marquée pour les libellules de bonne taille, surtout les anisoptères. Les petites espèces, notamment dans le sous-ordre des zygoptères, peuvent ainsi demeurer méconnues. Pourtant, leur vie reste secrète dans la mesure où peu d'entomologistes s'attardent à repérer les individus en nature pour ensuite consacrer du temps à la découverte de leurs habitats, leurs observations  et à l'étude de leurs mœurs qui peuvent se révéler fascinantes.

Bien que la découverte de petites populations d'A saucium ne soit pas si rare, les repérer dans la nature n'est pas si fréquent. Pilon et Lagacé (1998) mentionnent tout-de-même un peu plus d'une quarantaine de sites de captures pour l'ensemble du Québec.

Pour nous, l'intérêt principal de cette espèce de demoiselle, dont les adultes marient le rouge et le bleu avec élégance, reste les particularités de leurs différents habitats et micro-habitats où nous avons trouvé des individus et c'est l'objet du présent article de les détailler quelque peu.  Nous en présentons les différentes modalités (différents aspects) pour enfin dégager quelques points communs de tous ces sites. Nous énumérons les lieux d'observations et de captures en commençant par nos visites les plus récentes jusqu'aux plus reculées dans le temps.

Nos sites de rencontres


Le 4 juillet 2015, nous étions dans une grande sablière de formation récente, à environ 4 km de Plaisance, à côté de la rivière Petite-Nation. Nous avons capturé six adultes, mâles et femelles. Ils survolaient un long et très étroit filet d'eau, allongé sur le sable, quelque peu mouvant, une eau au courant à peine perceptible. Curieusement, nous pouvions enfoncer dans le sable, un peu boueux du ruisselet jusqu'aux genoux. Nous n'avons pu pêcher une seule naïade d'A. saucium.  Aucune autre espèce d'odonate n' a été observée en ces lieux.  Le biotope avait à peine assez d'eau pour la vie larvaire d'un odonate.  

R.H. au ruisselet de la grande sablière au nord de Plaisance (Outaouais, Qc)

2. Site de Plaisance, tandem mâle-femelle au sol

2.  Le 26 mai 2012, nous nous trouvions dans un champ ensoleillé, à côté d'une ancienne sablière, à Quyon, dans l'Outaouais québécois. Le champ jouxtait une sablière, mais formait un site, distinct de celle-ci. Dans ce biotope, RH a récolté neuf naïades d'Amphiagrion saucium et BM en a prélevé une quinzaine. Ces naïades de demoiselles avaient investi un ruisselet d'à peine quelques centimètres de largeur (1 à 2 pieds), au courant modéré en de nombreux endroits. Le substrat du ruisselet était un mélange d'argile ou de boue mêlé à du sable avec des plantes aquatiques immergées ressemblant à des brins d'herbes. L'eau était plutôt froide, malgré que le ruisselet coulait en plein soleil.  Son alimentation par une source souterraine expliquait sans doute la froideur de l'eau.

Pour récolter des larves d'Amphiagrion, BM ''écrémait '' un secteur du ruisselet, à fond boueux-sablonneux et attendait que les naïades émergent en se tortillant de cette matière terreuse dans le filet aquatique. BM les cueillait avec des brucelles. Dans ce ruisselet, les organismes suivants furent observés : des Asellidae (Crustacés), des Amphipodes (Crustacés), de petits dytiques (Coléoptères) et même une épinoche (poisson). Au final, sur environ 25 naïades observées, RH en a rapportées neuf. Le ruisselet est une extension de celui qui coule à peine dans le boisé de la sablière constitué de boue, d'accumulation de feuilles mortes, où une larvule de Cordulegaster maculata fur pêchée.  Voir photos du biotopes et des Amphiagrion saucium.  

3. larve vivante d'Amphiagrion saucium provenant de Quyon, Qc, en captivité

4. petit ruisseau à Quyon, Qc.

5.  Aperçu de plantes aquatiques du biotope de Quyon

3.  Un séjour de RH à Maria, chez un ami, Gilbert Bélanger, a permis lors d'une excursion de découvrir un fossé, à côté d'une voie ferrée, à Maria dans la Baie-des-Chaleurs (Gaspésie-sud).  L'essentiel des données de cette excursion est publié dans un article antérieur (Hutchinson et Bélanger, 1996). En bref, nous explorions un fossé presque totalement dépourvu d'eau. Une certaine humidité était maintenue par l'abondance de plantes aquatiques quoiqu' asséchées en surface, sur le dessus, mais le dessous des plantes maintenu mouill dans l'interface, sol mouillé- surface inférieure des plantes. C'est là que se trouvaient les naïades ou larves d'Amphiagrion saucium que nous avons observées, quelques unes ayant été cueillies pour fins de collection. En bref, ces organismes aquatiques vivaient dans un biotope à peu près dépourvu d'eau, fait à retenir.

4.  Au cours des années 2000 à 2014, comme animateur d'un camp d'initiation à l'écologie à Port-au-Saumon (Charlevoix-Est), il fut donné à RH de visiter une sablière, à Sainte-Mathilde (Charlevoix-Est). A trois ou quatre reprises, nous avons observé de un à quatre individus adultes d'A. saucium qui volaient à ras de sol, autour et parfois, au-dessus de filets d'eau, probablement d'origine sourceuse,  qui s'épanchaient sur un sol sablonneux. Certaines années, l'espèce semblait absente, d'autres années, quelques individus étaient repérés.  

5.  Au cours des années 70, RH avait découvert un fossé de bord de route à Port-au-Saumon (Charlevoix-Est), où quelques individus survolaient discrètement le milieu à ras de sol, se frayant un chemin de survol parmi quelques quenouilles et plantes aquatiques. Malheureusement,  des travaux de construction ont modifié le parcours de la route 138, devant l'entrée du camp Ère de l'estuaire au moyen d'une déviation en détruisant le biotope des A. saucium. Voir Hutchinson (1991, 1992) pour des détails additionnelles.

Perspectives

Il est intéressant de comparer nos habitats à ceux de Walker (1953) et de Paulson (2013). Le premier auteur cité ci-dessus précise que A. saucium vit dans des tourbières alimentées par des sources et des ''coulées'' de ces eaux sourceuses.  Il précise que ces eaux sont issues de sol forestier et se frayent un chemin à travers le sable en direction d'un lac.  Quant au deuxième auteur, l'espèce est établie dans des marais à  carex, et peut s'observer au-dessus de suintements provenant de cours d'eau, ou de tourbières acides. Nous croyons très utiles d'ajouter nos habitats comme connaissances complémentaires permettant la découverte de populations souvent modestes de cette espèce de zygoptère de notre odonatofaune.

 Parmi les faits à retenir mentionnons les affinités de cette espèce d'odonates avec les eaux sourceuses, leur vol souvent bas et discrets, et leur taille modeste, bien que l'amalgame de rouge et de bleu de leur thorax et de leur abdomen devrait faciliter leur repérage dans leur milieu de vie.   

Littérature entomologique citée

Hutchinson, R. 1991. Précision sur un habitat d'Amphiagrion saucium Burmeister (sic) (Odonata : Zygoptera  Coenagrionidae. Fabreries 16 : 101-104. (9 juillet 1981, voir Liste annotée 1992, idem)

Hutchinson, R. 1992. Liste annotée des odonates de Charlevoix-Est, Québec. Fabreries 17 : 97-124. (9 juillet 1981, Port-au-Saumon, herbes humides à côté d'un fossé de bord de route).

Hutchinson, R. & G. Bélanger. 1996.  Découverte d'Amphiagrion saucium  Burmeister (sic) (Odonata: Zygoptera) dans le comté de Bonaventure en Gaspésie, Québec. Fabreries 21 : 25.

Ménard, B. 1996. Liste annotée des odonates de l'Outaouais. Fabreries 21 : 29-61.

Paulson, D. 2013. Dragonflies and Damselflies of the East.   Princeton Field Guides. Princeton University Press. 538 pages. 

Pilon, J.G. & D. Lagacé. 1998.  Les odonates du Québec. Traité faunistique. Entomofaune du Québec (EQ) Inc. Chicoutimi Québec.  367 pages. (Au moins 40 localités et plus).

Walker, E.M. 1953. The Odonata of Canada and Alaska.  Volume 1. The Zygoptera. University of Toronto Press, Toronto. 292 pages.

Photos de Plaisance - le milieu et les Amphiagrion
Photos de Quyon - le milieu et les Amphiagrion


Raymond Hutchinson et Benoît Ménard

mardi 8 mars 2016

Grand ménage du printemps


Projet complété. J'ai envoyé une grosse chaudière d'exuvies au compost.
(Il m'en reste encore plein).

dimanche 10 janvier 2016

Neurocordulia yamaskanensis

La larve de cordulie de Provancher (Neurocordulia yamaskanensis) vit dans les rapides, bien agrippée sous les pierres. Son adulte vole au crépuscule.

Le moyen le plus facile de détecter la présence de cette espèce est par la recherche d'exuvies. On les trouve vers la fin du mois de juin, accrochées sur les pierres, les troncs d'arbres ou les structure de ponts, à proximité des rapides.

Je les reconnais à leurs pattes rayées brunes et oranges; ce n'est pas le critère employé dans les clés d'identification, mais ça me semble un bon "field mark".



Le critère anatomique qui permet de reconnaître le genre Neurocordulia: le labium profondément crénelé

Mais attention: nous avons 2 espèces de Neurocordulia au Québec. La seule espèce que nous avons trouvée en Outaouais est, jusqu'à présent, la N. yamaskanensis. L'autre espèce, N. michaeli, serait très semblable, mais plus petite et d'un profil un peu différent. Je n'ai pas de spécimen pour comparer. Profil de N. yamaskanensis:



Parenthèse sur le dessin naturaliste:

Lorsque j'étais enfant, j'ai fréquenté un camp de jeunes naturalistes au domaine St-Bernard, près du Mont Tremblant. On nous encourageait à dessiner avec un oeil dans l'oculaire du bino, l'autre oeil sur le papier- en même temps. Je n'y suis jamais parvenue.

Le dessin scientifique n'est plus guère à la mode, merci aux caméras numériques et à leurs formidables possibilités. Toutefois, j'aime encore dessiner les spécimens et divers artefacts que j'ai ramassés pendant l'été. Juste pour le plaisir, et aussi parce que c'est un excellent exercice d'observation. Rien de tel que de dessiner un bébitte pendant une dizaine d'heures pour se la "mettre dans l'oeil" une fois pour toutes!