samedi 26 septembre 2015

Aeschne porte-crosse

Aujourd'hui, au parc municipal du lac Beauchamp (Gatineau).

Une aeschne porte-crosse (Aeshna eremita, Lake Darner) est venue se poser sur moi. Elle mangeait une guêpe.


Un peu plus loin, j'en ai vu une autre qui se chauffait sur les rochers.


L'aeschne porte-crosse est commune dans les environs, notamment dans le parc de la Gatineau. C'est la première fois que j'en vois une en ville. J'ai eu des échos comme quoi elle aurait aussi été vue à Ottawa (Gillian et Richard, sur le groupe facebook Northeast Odonata).

Je pense que c'est une bonne année pour Aeshna eremita.

vendredi 18 septembre 2015

Le peuplement d'une sablière par une espèce de demoiselle, Enallagma civile, dans l'Outaouais québecois

LE PEUPLEMENT D'UNE SABLIÈRE PAR UNE ESPÈCE DE DEMOISELLE, ENALLAGMA CIVILE DANS l'OUTAOUAIS QUÉBÉCOIS
Raymond Hutchinson (RH) et Benoît Ménard (BM)

Pour l'entomologiste ou l'odonatologue, les sablières sont des  habitats parmi les plus fascinants. Il s'agit très souvent de milieux transitoires créés par des humains à des fins commerciales liées à la vente de sable, de cailloux et de roches concassées (gravières). L'apparition de tels milieux devient attirant pour de nombreuses espèces d'animaux et de plantes, des sortes de refuges parmi les constructions humaines et le développement urbain. Les insectes et les araignées comptent parmi les plus favorisés lorsque de tels types de terrain apparaissent dans le paysage.  Les organismes qui s'y implantent et en prennent possession appartiennent aux groupes des espèces pionnières qui recherchent ces genres de biotopes.

La découverte d'une population d'Enallagma civile dans une grande sablière commerciale à Cantley par BM le 26 juillet 2015 constitue un exemple frappant de cet envahissement d'un milieu anthropique par une espèce d'organisme dite pionnière, non pas qu'elle soit la seule espèce d'odonate présente, mais elle semble dominer ce paysage à caractère humain.  Deux excursions successives par les deux auteurs, dont BM avec sa conjointe, Lyne et sa fille, le 30 août et le 5 septembre 2015 ont confirmé que la grande mare  et ses abords dans la sablière sont peuplés  d'un nombre impressionnant de mâles et de femelles adultes soit au-dessus de l'eau ou encore dans les herbes du pourtour de la mare. Le dénombrement  d'individus d'Enallagma civile pourrait s'élever à plusieurs centaines d'individus. En plus, nous avons pêché quelques larves ou naïades comme en font foi nos photos.





Nos présences à la sablière de Cantley ne représentent que quelques heures sur un continuum saisonnier qui dure plusieurs mois. On ne peut donc que supputer le nombre d'individus issus de cette sablière pendant une saison ou une année. Le total de nos captures s'élèvent à une soixantaine d'individus pendant nos trois courts séjours à la sablière. Nous invitons le lecteur à admirer les magnifiques photos de BM, entr'autres l'attroupement de mâles et de femelles en activité de reproduction et de ponte au-dessus et, peut-être sous la surface de l'eau, les photos de mâles, de tandems, mâles et femelles volant ensemble, les premiers en contrôle du vol, les femelles,  attachées aux mâles et suivant à la traîne.







Cette population est la première d'E. civile pour le Québec. Les sept ou huit localités ailleurs dans la province représentent des captures de un à, peut-être, deux ou trois individus. Par contre, des chercheurs américains proclament qu'E. civile est une espèce dominante sur le territoire nord-américain au sud des frontières de notre province. Il s'agit cependant d'une espèce dite ''locale'', c'est-à-dire qui ne se retrouve pas partout.  Chez nous, il importe de déterminer l'importance de la poussée de l'espèce vers des zones plus boréales, peut-être en raison des dérèglements climatiques. Cela reste à établir avec les années.

Parmi les leçons à tirer de notre aventure Enallagma civile, il importe de reconnaître que si l'activité humaine détruit des milieux naturels jadis peuplés d'espèces aux exigences particulières, espèces maintenant disparues du site transformé, d'autres espèces qui se satisfont de conditions moins strictes prennent la place, mais n'en diminuent pas moins la richesse du patrimoine vivant qui ont fait le bonheur des naturalistes et entomologistes du passé. Admirons tout de même  la résilience et la beauté d'une espèce de demoiselle (Zygoptera) comme Enallagma civile qui s'établit dans des biotopes peut-être moins exigeants, mais comportant certainement des difficultés d'adaptation d'un  autre ordre. Le lecteur peut quand même admirer la beauté de cette espèce pionnière, l'Enallagma civile, en s'attardant aux photos de Benoît Ménard..    




    


lundi 14 septembre 2015

Exploration au ruisseau Chelsea

Il ne reste plus beaucoup d'espèces de libellules en vol ces jours-ci. Un bon temps toutefois pour faire de l'exploration en vue de la prochaine année. La saison des libellules passe tellement vite, ça aide de savoir où on va.

Voici un compte-rendu visuel de mon exploration du 10-09-2015 au ruisseau Chelsea- amont du P8 (parc de la Gatineau). Toutes les photos sont prises en regardant en amont. Elles sont présentées dans l'ordre: du P8 en remontant le courant.

Substrat sableux, milieu ouvert (j'ai exploré cette section en juin; je n'avais pas poussé plus en amont).

Exuvie d'aeschne vineuse (Boyeria vinosa) dans le talus d'érosion

section caillouteuse, milieu ouvert

Entrée dans la forêt. Beaucoup de bois emporté par la débâcle s'est accumulé ici. On voit que l'eau est un peu trouble.

Exuvie d'épithèque canine (Epitheca canis) dans le tas de bois. Il y en avait 3. Elles ont peut-être dérivé à partir des grands étangs de castor en amont. Elles sont intactes; se pourrait-il qu'elles viennent d'émerger?? Il s'agit pourtant d'une espèce très printanière qui émerge normalement au début mai.

On traverse une bande de marbre. La dalle rocheuse se poursuit au fond du ruisseau. Milieu forestier. Hêtre, bouleau jaune...


…pruche, thuya

On dirait qu'il y avait un chat noir qui me guettait, derrière le rocher à la droite de la photo.

Un petit canyon de marbre (je pense).  On voit des plantes calcicoles. 
Une petite caverne sous l'une des berge.

Tout juste en amont du point où j'ai viré de bord, il y a un grand système d'étangs de castor.

Spécial. Je me demande quelles libellules vivent dans ce type de ruisseau. Je ne pense pas que les sections de marbre soient très propices aux gomphides car il y a peu de substrat où s'enfouir. Les sections plus sableuses ou pierreuses sont toutefois prometteuses.  À suivre.
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Liste des libellules observées au ruisseau (10-09-2014):

Aeshna constricta (environ 5-6 en vol dans les champs)
Boyeria grafiana (3 exuvie, peut-être une en vol)
Boyeria vinosa (6 exuvies, peut-être 1 en vol)
Cordulegaster sp. (1 exuvie endommagée)
Epitheca canis (3 exuvies)
Sympétrum obtrusum (quelques unes dans les champs)
Sympetrum vicinum (plusieurs dans les champs)


Sympétrum tardif (Sympetrum vicinum), LA libellule de saison.


mardi 8 septembre 2015

Recoltes de larves de printemps en automne

Si vous avez manqué votre coup au printemps vous pouvez vous reprendre en fin de saison, tous les larves du printemps sont matures juste avant l'hiver. j'ai inclus des examples que j'ai capturé en fin de semaine, samedi 5 sept
Macromia  illinoiensis larve qu'on peut prendre au printemps

Stylogomphus albistylus

mardi 18 août 2015

Espèces d'introduction récente: suivi

Trois belles libellulidées ont été rapportées pour la première fois à Gatineau en 2012: la pachydiplax (Pachydiplax longipennis), la périthème délicate (Perithemis tenera) et la célithème géante (Celithemis eponina). On les a revues en 2013 et en 2014.

Sont-elles encore chez nous en 2015?

Voici le résultat de mes observations des derniers jours: 
  • Baie Simard (rivière des Outaouais, secteur Deschênes)- La pachydiplax y était abondante en 2012 et de moins en moins abondante en 2013 et 2014. Les 2 autres avaient été vues de manière sporadique en 2012, 2013 et 2014. Cette année, rien. 
  • Ruisseau de la Brasserie- grandes populations de pachydiplax et de périthème délicate observées l'an dernier. Elles sont encore là cette année. 
  • Baie McLaurin-les 3 espèces ont été observées l'an dernier. Cette année, j'ai revu la pachydiplax et la périthème, mais pas la célithème géante.
En résumé, la présence de 2 des 3 espèces a été confirmée pour certains sites connus, mais pas tous. On cherche encore la célithème géante; il se peut qu'elle ne soit pas parvenue à s'établir durablement à Gatineau. Il se peut aussi que j'aie été malchanceuse dans mes observation; si vous la voyez quelque part, svp faites-moi signe!

Pachydiplax longipennis (ruisseau de la Brasserie, 12 juillet 2013)


Perithemis tenera (ruisseau de la Brasserie, 12 juillet 2013)


Celithemis eponina (ruisseau de la Brasserie, 23 juillet 2013)

La sortie des anax

L'anax précoce (Anax junius) émerge ces jours-ci à Gatineau.

exuvie

Le marais de Templeton, situé au bout de la baie McLaurin, était particulièrement bourré d'exuvies aujourd'hui:

Chaque flèche pointe vers une exuvie d'anax

J'estime la densité à environ 5-10 exuvies par mètre de berge. Voilà maintenant le paysage environnant:




…Des milliers et des milliers d'anax sont peut-être sortis de ce marais cette semaine.

dimanche 2 août 2015

Bilan de la fin juillet

Déjà rendus au mois d'août. Les sympétrums tardifs émergent en masse. Frédéric m'annonce le début des migrations d'oiseaux.

Un bilan de la fin de juillet s'impose:

Nous avons répertorié 83 espèces dans Gatineau et ses environs immédiats (soit un rayon d'environ  25 km au nord du centre-ville, incluant le parc de la Gatineau). Nous aurions pu augmenter le nombre d'espèces en allant un peu au delà de ces limites. Par "nous", j'entends Frédéric Bédard, Benoit Ménard, Raymond Hutchinson et moi, mais aussi d'autres contributeurs, entre autre Alain Côté et Guy Lemelin, des collègues de l'Atlas des libellules du Québec, qui sont venus en visite dans le coin et ont vu certaines espèces que nous n'avions pas vues (ou pas encore vues) cette année (voir ce billet du blogue Libellules Québec). Je me tiens également au courant des observations faites par les collègues du "Ottawa Field Naturalist's Club" via le groupe facebook du club ainsi que le groupe facebook "Northeast Odonata". Je pense que leurs observations recoupent les nôtres. Ce serait intéressant qu'on se rencontre tous en fin de saison.

J'ai mis à jour le menu déroulant à droite; les espèces sont dans l'ordre chronologique de leur observation (j'en oublie peut-être, faites-moi signe).

Je remarque qu'il nous manque plusieurs espèces de Lestes. J'en vois très peu comparativement aux autres années, bizarre. Il n'est pas trop tard pour se rattraper.

Je n'ai pas encore vu le superbe Gomphe fléché (Stylurus spiniceps), une espèce de fin de saison. J'ai cherché en vain ses exuvies au bord de la Gatineau, à un endroit où j'en trouvais ces dernières années  (45°29'39.19"N,  75°45'41.61"O). Peut-être n'est-il pas encore sorti?

Je n'ai pas vu non plus la célithème géante (Celithemis eponina), une autre espèce tardive. Est-elle encore si abondante dans la Baie McLaurin (45°29'28.43"N,  75°34'48.94"O), en compagnie de la pachydiplax et de la périthème délicate, 2 autres espèces d'introduction récente à Gatineau?

La saison n'est pas finie

Bon mois d'août!