vendredi 26 juin 2015

En remontant le ruisseau Meech

J'ai passé 2 après-midis extraordinaire au ruisseau Meech. Je prends le temps d'écrire un billet un peu plus long pour rendre compte de cette expédition.

Jour 1 (24 juin):
Départ dans la vallée du ruisseau Meech (P16 du parc de la Gatineau, 45°34'19.57"N; 75°53'6.44"O).


Le ruisseau fait de grandes boucles à travers champs. 


Le substrat est argileux. Les berges sont couvertes d'hespéries qui décollent devant moi comme dans un dessin animé japonais.


La liste d'odonates est assez courte dans cette partie du ruisseau. Les seules espèces que j'ai observées près de l'eau sont:

Les 2 caloptéryx (la bistrée et celle à taches apicales) (Calopteryx maculata et Calopteryx aequabilis)
l'agrion enivré (Enallagma ebrium)
l'agrion à tache jaune (Chromagrion conditum)
L'hagénie (Hagenius brevistylus)- quelques exuvies

Plusieurs autres espèces chassent dans les champs.

À mesure qu'on remonte, le paysage devient de plus en plus boisé:


Et c'est à partir d'ici que les choses commencent à devenir vraiment intéressantes:


Le fond devient sableux. Les berges sont parsemées d'exuvies d'un gros gomphe. J'ai la chance d'en voir un émerger. C'est le gomphe de Scudder (Stylurus scudderi).




J'ai dû rebrousser chemin à ce moment là, car un party de St-Jean m'attendait…


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Jour 2: 25 juin

Le lendemain, comme dirait maman, les "culottes me piquaient" et dès que j'ai pu je me suis rendue au point où j'avais interrompu mon excursion. Pour ceux qui seraient tentés de s'y rendre, on peut se stationner au bout du chemin Cowden et suivre le sentier jusqu'au petit pont déglingué   (45°33'51.33"N; 75°52'46.93"O). Ce n'est pas un sentier officiel.

À partir du petit pont, il n'y a plus de sentier. Je remonte mes bas. Embarque dans l'eau. Mon objectif est le même qu'à chaque fois que je visite un ruisseau: voir un Ophiogomphus, mon Graal...




Les odonates qui dominent sont les caloptéryx (maculé et taches apicales) (Calopteryx maculata et Calopteryx aequabilis). Elles voltigent autour de moi, se posent sur moi, l'une a même essayé de pondre dans mon guide de terrain.

Le gomphe descriptif (Gomphus descriptus) abonde. Il se fait vieux, déjà:

Madame gomphe descriptif (Gomphus descriptus)

Monsieur gomphe descriptif (Gomphus descriptus)

 Le Cordulégastre maculé (Cordulegaster maculata) est bien présent:

Cordulégastre maculé (Cordulegaster maculata): ici une émergence qui n'a pas fonctionné (mort)

Je ramasse des dizaines d'exuvies de gomphes de Scudder (Stylurus scudderi) et de gomphes à styles blancs (Stylogomphus albistylus), mais curieusement, aucun adulte en vue.

Il faut dire que plusieurs bolides non identifiés passent tout près de moi. Je ne perds pas de temps à leur courir après: je ramasse les exuvies, j'avance avec de l'eau tantôt aux genoux, tantôt à la taille.

Le ruisseau se fait de plus en plus sauvage:




J'entends du raffut dans la forêt. "Ça doit être un chevreuil".


Après quelques heures dans l'eau, mes articulations commencent à rouiller.

Le substrat devient caillouteux. Enfin, au détour d'un méandre, j'aperçois des roches qui affleurent à la surface:


Et sur la première roche que je vois dépasser, BANG! Un Ophiogomphus.



Il est parti. Je ne sais pas de quelle espèce il s'agit. Pas grave, je chérirai toujours dans mon coeur ce  petit moment.

La cerise sur le sunday, j'ai aussi trouvé quelques exuvies. En fait, il y avait 2 cerises: l'Ophiogomphe du Maine (Ophiogomphus maienensis) et, peut-être l'Ophiogomphe boréal (Ophiogomphus colubrinus)- identifications à confirmer.


J'ai rebroussé chemin ici. Est-ce que j'étais encore loin du lac Meech? Pas sûre, mais d'après moi j'avais fait environ le tiers du chemin (pas de carte, pas de gps, pas de cellulaire, pas de montre).

Sur le retour je me rend compte, avec un frisson, qu'il y a des GROSSES traces de pattes juste à côté des pistes que j'ai laissées à l'aller. J'entends une GROSSE respiration dans les aulnages, du style Darth Vador. "Ça doit-être un castor". J'embraye. J'arrête de prendre des photos. Je chante pour être sûre que la faune m'entende venir de loin.

À bientôt, ruisseau Meech! La prochaine fois, j'essaierai le parcours inverse, à partir du lac Meech. Il faudra d'abord que je me procure un nouvel appareil photo, car mon vieux a pris l'eau une fois de trop... 

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Liste des espèces (nombre d'exuvies ramassées entre parenthèses):

Calopteryx aequabilis (1)
Calopteryx maculata
Argia moesta
Chromagrion conditum
Coenagrion resolutum
Nehalennia irene
Enallagma ebrium
Aeshna umbrosa (1)
Basiaeschna janata (1)
Boyeria grafiana (1)
Boyeria vinosa (8)
Dromogomphus spinosus (2)
Gomphus exilis
Gomphus adelphus (2)
Gomphus descriptus (9)
Hagenius brevistylus (9)
Ophiogomphus mainensis (3)
Ophiogomphus colubrinus (3)
Stylogomphus albistylus (17+)
Stylurus scudderi (38+)
Cordulegaster maculata (6)
Cordulia shurtleffii
Dorocordulia libera
Epitheca cynosura
Epitheca princeps
Libellula quadrimaculata
Ladona julia
Libellula pulchella
Plathemis lydia




mardi 23 juin 2015

Ruisseau Moore, 23 juin 2015

Bonjour,

Voici quelques photos prises vers midi au Ruisseau Moore, attenant à la ferme du même nom, au sud-ouest du secteur Hull près de mon domicile.

Ma première Macromie noire (Swift River Cruiser - Macromia illinoiensis) de l'année




Un joli Gomphe fraternel (Midland Clubtail - Gomphus fraternus)



Ainsi que l'Épithèque princière (Prince Baskettail - Epitheca princeps)



Ma liste d'espèces pour ce site atteint la quinzaine.  J'en rajouterai sans doute quelques autres d'ici la fin de l'été.

Je vous dois de vous présenter ma mascotte, mon garçon Jérôme.  Grâce à lui, j'ai pris un congé du travail depuis mars et je peux passer plein de temps en pleine nature à apprendre à identifier les libellules.  Merci Jérôme !!!


Frédéric Bédard
Gatineau, secteur Hull

lundi 22 juin 2015

Neurocordulia, partie I: naïade (par Benoît Ménard)

Épithèque de Provancher
Neurocordulia yamaskanensis
Stygian Shadowdragon


Naïade qui vient de muer, à côté de son exuvie (photo B. Ménard)

Naïade (photo B. Ménard)

Naïade (photo B. Ménard)

Naïade (photo B. Ménard)

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Merci Benoît de nous montrer de telles beautés. Les naïades de Neurocordulia vivent sous les pierres en eau courante. Je parie qu'il y a peu de gens dans le monde qui en ont capturé et élevé dans leur cuisine…

samedi 20 juin 2015

Au pont couvert de Wakefield

Ce matin, sur la rivière Gatineau, près du pont couvert de Wakefield:

Gomphe jumeau (Gomphus adelphus)- 1 adulte, 6 exuvies
Macromie noire (Macromia illinoiensis)- 1 femelle qui pond
Épithèque de Provencher (Neurocordulia yamaskanensis)- 6 exuvies
Épithèque princière (Epitheca princeps)- 1 exuvie
Aeschne printanière (Basiaeschna janata)- 1 exuvie
Argie svelte (Argia moesta)- émergences massives




Argie svelte (Argia moesta)

Argie svelte (Argia moesta)

Épithèque de Provencher (Neurocordulia yamaskanensis)


lundi 15 juin 2015

Et voilà les gomphes de grandes rivières

Les voici, les voilà: le gomphe fraternel (Gomphus fraternus) et le gomphe-cobra (Gomphus vastus) commencent à émerger de la rivière des Outaouais.

On trouve quelques exuvies sur les pierres et les troncs:

Gomphe fraternel ou gomphe-cobra? (Rivière des Outaouais, pont Champlain, 15 juin 2015)

Pour différencier les exuvies des 2 espèces, on doit regarder la forme des palpes labiaux (vue de dessous). Il est préférable d'utiliser une petite loupe (grossissement 10x).


   fraternel: palpes labiaux peu courbés                     cobra: palpes labiaux recourbés en crochets
Les adultes sont plus faciles à distinguer. Aujourd'hui, bien que j'aie trouvé quelques exuvies des 2 espèces, je n'ai vu qu'un adulte et c'était un gomphe fraternel. Ce n'est qu'un timide début, d'autres viendront...


Gomphe fraternel (rivière des Outaouais, Deschênes, 15 juin 2015)

samedi 13 juin 2015

Lac Pink

Le lac Pink se situe dans le parc de la Gatineau, tout juste au nord de la ville de Gatineau. Il s'agit d'un lac méromictique aux eaux turquoises. Pour plus d'info, voir le site de la commission de la capitale nationale (ccn) à www.ccn-ncc.gc.ca/endroits-a-visiter/parc-de-la-gatineau/lac-pink










Les caractéristiques du lac Pink sont uniques. Est-ce aussi le cas de son odonatofaune? Nous avons visité le site le 10 juin (Frédéric Bédard, Jérôme Bédard et moi). Nous avons vu:

Julienne (Ladona julia)- abondance
Gomphe exilé (Gomphus exilis)- abondance
Hagénie (Hagenius brevistylus)-emergences, 5 exuvies
Aeschne printanière (Basiaeshna janata)- quelques chasseuses, ça passe vite...
Macromie brune (Didymops transversa)- quelques chasseuses
Cordulégastre maculé (Cordulegaster maculata)- 1 exuvie
Quadrimaculée (Libellula quadrimaculata)- 1 adulte
Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta)- 2 adultes
Agrion boréal (Enallagma boreale)
Agrion à tache jaune (Chromagrion conditum)
Agrion vertical (Ischnura verticalis)
Déesse paisible (Nehalennia irene)



Hagénie (Hagenius brevistylus) en émergence
Agrion à tache jaune (Chromagrion conditum) en accouplement

Je compte ici 10 juliennes (Ladona julia) et 2 gomphes exilés (Gomphus exilis)!

Ce qui me frappe dans cette communauté de libellules c'est la quasi absence des leucorrhines, omniprésentes dans les marais aux alentours, ainsi que la présence d'espèces qui se trouvent plus souvent dans les rivières, voire les ruisseaux (aeschne printanière, hagénie, macromie brune, cordulégastre maculé). Peut-être parce que les berges du lac sont très abruptes et qu'il y a peu de végétation aquatique.

Cette excursion au lac Pink a été suivie de 2 jours de déluge. Pôvres libellules.

mardi 9 juin 2015

Libellules de sablière

Aujourd'hui, j'avais à faire dans le parc industriel. J'ai fait un 'pit stop' à la carrière Vanier, une sablière encore en exploitation. 

Malgré la petite bruine, j'ai vu des jeunes qui se baignaient en bobette (ça sent la fin des classes…) et, surtout, l'émergence de célithèmes indiennes (Celithemis elisa) en grand nombre.



Exuvie de célithème indienne (Celithemis elisa)

célithème indienne (Celithemis elisa) femelle qui vient tout juste de faire son premier envol

célithème indienne (Celithemis elisa) femelle ténérale

célithème indienne (Celithemis elisa) mâle ténéral

Je conclue sur une photo prise au même endroit le 31 juillet 2013. La femelle a conservé à peu près la même couleur, alors que le mâle à pleine maturité a rougi:

Célithèmes indiennes (Celithemis elisa) en accouplement.