L'entomologiste qui voit les premiers flocons de neige sait que le temps est venu de faire le ménage dans ses spécimens...
La méthode que j'utilise pour identifier les exuvies d'Odonates:
- Je conserve mes exuvies à sec, dans le pot utilisé lors de la cueillette, en attendant de faire l'identification. J'ai tendance à en mettre trop; les exuvies deviennent alors toutes enchevêtrées et ont tendance à se briser.
- Avant de faire l'identification, je réhydrate les exuvies pendant quelques minutes dans l'alcool à friction (alcool isopropylique 70%). Elles sont moins fragiles hydratée que sèches.
- Je place l'exuvie à identifier dans un plat de petri rempli d'eau. Avant, je les mettais dans l'alcool, mais les vapeurs me montaient à la tête…
- Je m'installe à la loupe binoculaire. Je préfère le grossissement 20x et, comme les exuvies sont pour la plupart translucides, j'utilise surtout l'éclairage par le dessous.
- Je nettoie l'exuvie à l'aide d'une petite brosse (petit pinceau dont j'ai coupé les poils très court, environ 2mm) et d'une pince fine. Au besoin, j'utilise aussi des aiguilles entomologiques.
- J'utilise 2 ouvrages pour l'identification: Needham et al. et Walker (références complètes ici). Ce ne sont pas des ouvrages faciles. Quand je suis sûre à environ 75%, j'inscris le nom avec un point d'interrogation. Quand je suis sûre à, mettons, 95%, je ne mets pas de point d'interrogation, mais l'erreur est toujours possible… Pour les espèces rares ou surprenantes, en particulier celles pour lesquelles je n'ai pas observé d'adulte, je demande l'avis d'un expert.
Le classement des spécimens est toujours un défi. Je mets la plupart de mes spécimens dans des vials à scintillation recyclés. Je conserve mes exuvies dans l'alcool ou à sec. Je rempli mes étiquettes à la main, avec un crayon au graphite. Il s'agit d'une collection de travail que je ne pense pas conserver à long terme, ni donner à un musée. Je garde tous ces spécimens pour un projet d'inventaire qui est en cours uniquement.
J'ai mis de côté quelques spécimens de chaque espèce pour ma collection de référence. Pour cette collection, j'ai utilisé des vials avec bouchons en borosilicate. L'alcool ne s'évaporera pas. J'ai aussi soigné davantage ma calligraphie. J'ai fait vérifier l'identification de plusieurs de ces spécimens par un spécialiste (Raymond Hutchinson). J'ai l'intention de garder cette collection à long terme, c'est un outil très utile pour l'identification.
Je rappelle en terminant que je ne suis pas une entomologiste professionnelle. J'ai partagé avec vous mes méthodes de naturaliste-maison.
Je suis impressionné par l'équipement, le soin, la patience. Et le savoir.
RépondreSupprimerComme les roches sont moins translucides (à moins de faire préparer des lames minces - et de savoir les interpréter !), je préfère l'éclairage latéral ou par dessus.
C'est très généreux de votre part de partager ainsi vos méthodes.
RépondreSupprimerMoi aussi je suis toujours curieuse de voir comment les autres travaillent. Mais je n'ai pas mis de photos de mon bureau au complet. Une amie m'a dit que ça lui faisait penser au film " le silence des agnaux".
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