jeudi 2 mai 2013

Surprise!

Ces jours derniers, j'ai visité mes endroits favoris pour l'observation de libellules et je n'ai RIEN vu en vol. Aujourd'hui, en ballade au beau milieu de la forêt, alors que je ne m'y attendais pas du tout...j'ai vu ma première libellule de la saison! J'étais avec Nathalie Bussières et oui, c'est elle qui l'a vue en premier, bien évidemment puisque j'avais le nez au fond de mon filet troubleau.

Nous étions dans la Forêt Boucher, un très grand territoire boisé du secteur Aylmer de la ville de Gatineau. Le secteur où nous avons marché était plein d'étangs et de mares d'eau temporaires.


Dans le chemin, une mare peu profonde dans laquelle on a vu des larves de moustiques, des patineuses (Gerridés), des crapauds amoureux, des petites grenouilles masquées (grenouilles des bois?).





En bordure du chemin, d'autres types de mares temporaires, peu profondes et garnies de longs prêles (Équisetacées). J'ai donné quelques coups de filets ici. J'ai vu beaucoup de larves de moustiques et de petits crustacés branchiopodes ('Fairy shrimps'). Une larve de dytique (Dyticidés).


Un autre type de mare temporaire, plus sombre et fraîche et peuplée de conifères (surtout du Thuya occidental). Il y avait ici aussi beaucoup de larves de moustiques et des Branchiopodes ('Fairy shrimps').



L'endroit où nous avons vu la libellule ressemble à un petit étang au beau milieu de la forêt inondée. La libellule était- évidemment!- de l'autre côté de l'étang. Elle patrouillait tout le côté Est de l'étang à environ 1 m de la surface de l'eau. Sa taille et son vol m'ont fait penser à une grosse Libellulidée.  Il pourrait peut-être s'agir de la quadrimaculée (Libellula quadrimaculata)?



L'étang avec ses grands érables argentés. L'eau PULLULE de larves de moustiques et de Branchiopodes ('Fairy shrimps'). On voit aussi des Gyrins (Gyrinidés). Toute la forêt environnante est plus ou moins inondée.


Au fond, des tortues.


Je remercie Jean-Serge Vincent, qui m'a envoyé de très belles photos de Libellule quadrimaculée qu'il a a prises dans les années passées. Ça aide à patienter.


La quadrimaculée (Libellula quadrimaculata©Jean-Serge Vincent


À ceux qui voudraient aller se promener dans ce coin là prochainement, un petit conseil d'ami: munissez-vous d'un bon anti-moustique!

Note ajoutée: Je remercie Christina Lewis et Joshua Stuart Rose qui m'ont envoyé leurs commentaires via le très dynamique groupe Facebook 'Northeast Odonata'. Il semblerait que l'habitat et la date d'émergence puisse correspondre à la quadrimaculée, mais aussi à l'Épithèque canine (Epitheca canis, 'Beaverpond Baskettail'). Le comportement de patrouille de la berge serait toutefois plus typique de l'épithèque. Mon hypothèse préférée a changé à la lumière de ces commentaires: je pense que ce qu'on a vu était probablement une Épithèque canine (Epitheca canis).

mercredi 1 mai 2013

Au Lac Beauchamp


Première journée chaude du printemps à Gatineau! 11°C à 8h ce matin, plus de 30°C à 16h!

L'eau est encore froide cependant, et les feuilles, pas encore sorties. Aucune libellule dans l'air. Qu'à cela ne tienne: on le cherchera dans l'eau. J'avais la chance d'être avec Raymond Hutchinson, un expert dans le domaine. Il m'a amené au Lac Beauchamp, un petit lac situé dans le Parc municipal du Lac-Beauchamp, au 741 boulevard Maloney Est. Raymond et son acolyte Benoît Ménard ont visité régulièrement le Lac Beauchamp, et ce depuis de nombreuses années. Ils commencent à plutôt bien connaître son odonatofaune.

Nous avons été à la pêche en eau peu profonde pendant environ 1 heure dans l'après-midi. Nous sommes restés sur le côté sud du lac.




Nous avons trouvé:

4 larves de Gomphe pointu (Gomphus spicatus) enfouies dans le sable, matures ou presque, 5 larves de Leste inégal immatures (Lestes inaequalis), 1 larve d'Épithèque mature ou presque (Epitheca spinigera ou cynosura), 2 larves d'Érythème des étangs (Erythemis simplicicollis) matures ou presque, quelques larves immatures d'Agrions (Enallagma sp.) et 4 larves immatures de Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta). Raymond a fait l'identification.

Ce n'est pas encore la foule. On sent que la saison débute à peine.

À la recherche de larves en eau peu profonde.


Une larve de Leste inégal (Lestes inaequalis), très loin d'être mature et déjà longue de près de 5 cm. Ces longues larves nagent comme des poissons.


Une larve d'Épithèque mature ou presque. Epitheca (spinigera ou cynosura). Ces larves se tiennent sur le fond, parmi les débris végétaux.



On a quand même hâte de voir des libellules en vol...


Nous avons aussi visité le secteur nord du parc du Lac-Beauchamp, qui est parsemé d'étangs temporaires. Ces milieux sont assez surprenants. J'ai donné quelques coups de filets, sans beaucoup de conviction je l'avoue. J'ai tout de même vu 1 larve de Leucorrhine immature (Leucorrhinia sp.).

Raymond et Benoît ont trouvé, au fil des ans, 22 espèces de libellules dans ce trou d'eau...

Une très belle sortie printanière.

Note ajoutée: Raymond ajoute que le Leste inégal (Lestes inaequalis) est une espèce peu répandue au Québec et seulement présente dans l'extrême sud. À suivre.

mardi 23 avril 2013

Au Marais Lamoureux

Hier, j'ai eu le bonheur de rendre visite au Marais Lamoureux en compagnie de 3 amis naturalistes.
Il y a ici une bonne variété de microhabitats pour des larves d'odonates: dans la vase, sur le fond, dans la végétation aquatique, sous les troncs immergés et les pierres, sous les bords, dans les quenouilles...

Le plan d'eau du marais est de dimensions semblables à celles de l'étang que j'ai visité hier, mais quelle différence de biodiversité! Le Marais Lamoureux a une végétation beaucoup plus abondante et variée que celle de l'étang artificiel. La présence d'arbres morts encore debout au milieu du plan d'eau laissent néanmoins croire qu'il s'agit, là encore, d'un marais relativement récent. Un autre mystère à éclaircir.


Le Marais Lamoureux se situe dans un parc boisé, à moins de 100 m de la rivière-des-Outaouais.  Une situation idéale pour plusieurs espèces de libellules.

Nous avons donné une vingtaine de coups de filets dans différents microhabitats, en eau peu profonde et avons récolté une bonne variété d'invertébrés:

7 larves d'Odonates matures ou presques [identification provisoire, à confirmer avec Raymond, le vrai expert de l'équipe: 3 larves de Libellula (quadrimaculata ou pulchella), 1 larve d'Epitheca canis,  2 larves de Leucorrhinia (intacta ou frigida), 1 larve d'Erythemis simplicicollis, 1 larve de Coenagrionidée non identifié-ho là là que c'est petit]. Quelques immatures que j'ai relâchées, toutes des Libellulidées.

De plus: un petit poisson, quelques têtards, quelques Notonectidés, 1 Coryxidé, 1 Gerridés, quelques petits Dyticidés, très nombreuses larves de Culicidés, 1 larve d'Éphéméroptère, nombreux Gastéropodes, quelques petits Bivalves. Et sans doute beaucoup, beaucoup d'autres petites choses!





Epitheca canis? À vérifier. 

La question qu'on se pose maintenant c'est: mais quand est-ce que toutes ces belles libellules vont émerger?! L'eau étant encore assez froide (approximativement 10°C au bord), il faudra sans doute attendre le milieu ou même la fin du mois de mai pour voir le spectacle des émergences printanières...Raymond m'a dit que ça allait se passer comme une pièce de théâtre, avec les libellules qui arriveront en scène les unes après les autres. J'ai hâte de voir ça!

Merci Josée, Nathalie et Jean-Serge pour la belle journée.


Pour en savoir plus sur la flore et la faune du marais Lamoureux:

Mes amis travaillent à un intéressant projet d'inventaire de la biodiversité et des écosystèmes du quartier de Deschênes parrainé par le Club des ornithologues de l'Outaouais. Le rapport de la première phase d'inventaire est disponible sur le site web du Club.


samedi 20 avril 2013

Un étang intriguant

Cette semaine, j'ai visité un étang intriguant au coin du chemin d'Aylmer et de la rue Victor-Beaudry. Je pense qu'il s'agit d'un étang de rétention ayant été creusé assez récemment, peut-être il y a moins de 10 ans? On dirait un grand étang en voie de naturalisation.  La végétation y est peu abondante, à peine une frange de quenouilles. Le fond est vaseux.


L'étang artificiel tel qu'on peut le voir depuis le chemin d'Aylmer.

 Ce côté est plus ouvert et donne sur un golf.

Ce côté est plus boisé. La décharge est à gauche de la photo.


J'ai donné quelques coups de filets dans l'étang, par ci par là dans différents micro-habitats: sur le fond, dans la vase, sous les pierres et les grosses branches, dans les quenouilles, dans l'eau courante à la décharge de l'étang. J'ai trouvé seulement 1 larve immature de Libellula quadrimaculata (la quadrimaculée, 4-spotted skimmer), ainsi que 1 méné. La larve de libellule était sur le fond, parmi des débris végétaux.

La larve de Libellula quadrimaculata par William John Lucas (1858-1932) [domaine publique], via Wikimedia Commons

Par William John Lucas (1858-1932) (c) [domaine publique], via Wikimedia Commons

Raymond m'a dit que nos étangs étaient bourrés de ces larves de Libellula quadrimaculata. C'est un espèce de distribution circumboréale. Une généraliste. Une pionnière de milieux humides fraîchement créés. On risque d'en rencontrer plus d'une à Gatineau! Je n'ai pas encore de photos, mais ça ne devrait pas trop tarder, puisque la quadrimaculée est l'une de nos libellules les plus précoces. On devrait commencer à en voir émerger en mai. Je me promets d'autres visites à cet étang intriguant.

vendredi 22 mars 2013

Souvenirs de la saison 2012

En attendant le printemps, je me remémore les meilleurs moments de la saison 2012. L'été était caniculaire. Les niveaux d'eau exceptionnellement bas. Au début d'août, dans une baie de la Rivière-des-Outaouais, près des Rapides Deschênes, j'ai vu 3 espèces de Libellulidées qui n'avaient pas été identifiées à Gatineau avant 2012:  La Célithème géante (Celithemis eponina), la Périthème délicate (Peritemis tenera) et la libellule Pachydiplax (Pachydiplax longipennis).  C'était sans conteste le grand moment de ma saison! Plusieurs autres observateurs ont vu ces 3 espèces durant l'été 2012, et ce dans plusieurs sites à Gatineau et Ottawa. S'agissait-il de visiteuses d'un seul été ou d'espèces en train de s'établir par ici pour de bon? Ce sera intéressant de suivre la situation de ces 3 espèces en 2013, et notamment de surveiller la présence de larves et d'exuvies.


Celithemis eponina: difficile de la rater...


...même vue de loin.


Peritemis tenera mâle. Une toute petite libellule d'environ 2 cm de longueur. Le mâle a les ailes orangées, la femelle a des taches brunes dessus. Une espèce plus difficile à voir, mais à nulle autre pareille.

Pachydiplax longipennis mâle. La femelle est semblable au mâle, mais en gris terne. Au départ, j'avais confondu cette espèce avec Erythemis simplicicollis, une espèce bien établie à Gatineau.