mercredi 19 juin 2013

Début d'été au Lac des Fées

Aujourd'hui j'ai passé l'après-midi au Lac des Fées (45°26'17.80"; N75°45'9.23"O), tout au sud du Parc de la Gatineau. 

Le ruisseau qui l'alimente prend sa source dans le Parc de la Gatineau. Il parcourt un très, très long chemin à travers la ville avant de s'y déverser: Tout d'abord, il cascade l'escarpement Eardley. Puis, il traverse des terres agricoles et le parc industriel d'Aylmer Nord. Il traverse ensuite tout le quartier du Plateau (secteur Hull) de l'ouest vers l'est, pour aboutir au nord-ouest du Lac des Fées.  Peut-être est-ce la raison pour laquelle l'eau est si chargée en sédiments?

Le ruisseau des Fées
 Malgrés ses eaux troubles,  le ruisseau des Fées était l'hôte d'un véritable ballet de Caloptéryx bistrées (Calopteryx maculata). Les herbes immergées abritaient plusieurs larvules de Caloptérygidées (probablement Calopteryx maculata) et d'Aschnidées (genres Basiaeschna ou Boyeria).

Caloptéryx bistré (Calopteryx maculata) mâle, un vrai bijou.

Le vol des Caloptéryx est très particulier et d'une grande élégance.

Le mâle a les ailes entièrement noires. La femelle a un petit point blanc visible au bout des ailes (pterostigma).

Comme chez tous les Odonates, les organes génitaux de la femelle sont au bout de son abdomen, alors que ceux du mâle sont à sa base. L'accouplement est acrobatique.


Au Lac des Fées, j'ai vu, en vol: l'Épithèque à queue de beagle (Epitheca cynosura); l'Épithèque princière (Epitheca princeps); le Gomphe cornu (Arigomphus cornutus). Ces 3 espèces patrouillaient le plan d'eau à proximité des berges. D'autres espèces matures ou immatures se cachaient dans les herbes: l'Érythème des étangs (Erythemis simplicicollis); la Lydienne (Plathemis lydia); la Gracieuse (Libellula lydia); la Julienne (Libellula julia); la Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta); la Déesse paisible (Nehalennia irene); l'Agrion vertical (Ischnura verticalis).

Épithèque à queue de beagle (Epitheca cynosura) mâle

Gomphe cornu (Arigomphus cornutus) mâle
Gros plan sur les cerques caractéristiques du Gomphe cornu (Arigomphus cornutus) mâle

Gomphe cornu (Arigomphus cornutus) mâle
Gomphe cornu (Arigomphus cornutus) mâle


Une Leucorrhine moucheté (Leucorrhinia intacta) femelle avec des oeufs.


Le Lac des Fées fait partie du Parc de la Gatineau. Nous avons obtenu un permis de recherche de la Commission de la capitale nationale (ccn) pour notre étude.

samedi 15 juin 2013

Début d'été dans la Forêt Boucher


Un autre endroit que j'aime visiter régulièrement est la Forêt Boucher. Les sentiers qui la sillonnent traversent des forêts humides et des forêts sèches, mais aussi des milieux plus ouverts. Ces milieux riches en végétation herbacée et arbustive sont de véritables aimants pour les libellules immatures. Elles restent ici environ 1 semaine, pour ensuite retourner vers les milieux humides où elles se reproduisent.

La semaine dernière, cette clairière foisonnait de Lydiennes (Libellula lydia) immatures.  Cette semaine, il ne restait plus que quelques femelles...

Un "sentier à libellules" dans la Forêt Boucher. Plus tranquille cette semaine, maintenant que les Lydiennes sont parties.
Les Lydiennes mâles matures sont reconnaissables à leurs ailes traversées d'un bandeau noir et à leur abdomen d'un blanc éclatant:

Lydienne (Libellula lydia) mâle

J'ai été très surprise de voir les endroits qu'avaient choisis les Lydiennes, mais aussi d'autres espèces de libellules, pour venir se reproduire:

Ici, une mare d'au plus 10 cm de profondeur sur une dalle de roche. La température de l'eau y est aussi chaude que celle d'un bain. 2 mâles Lydiennes se la partagent.

Cette mare peu profonde à même le sentier est aussi patrouillée par des mâles Lydiennes.

Cette petite dépression contient à peine un peu d'eau entre les touffes de prêles. Elle était surveillée par une libellule quadrimaculée (Libellula quadrimaculata).

En bordure de cette minuscule mare j'ai trouvé 2 espèces de libellules qui venaient à peine d'émerger: le Leste dryade (Lestes dryas) et le Sympétrum intime (Sympetrum internum). J'ai été surprise de voir que des larves de libellules aient pu se développer dans aussi peu d'eau, surtout en sachant que, l'été dernier ayant été exceptionnellement chaud et sec, cette mare a dû sécher sur une période de quelques mois.

En bordure de la forêt, j'ai rencontré une autre espèce qui a entamé sa période de reproduction: la Cordulie écorcée (Dorocordulia libera).

Accouplement de Cordulie écorcée (Dorocordulia libera). Le mâle se reconnaît à ses couleurs métalliques et à son abdomen en forme de spatule. Je ne sais pas où la femelle va pondre. Le milieu humide le plus proche est un fossé de drainage creusé par une carrière voisine:


Gigantesque fossé de drainage de la carrière Lafarge. Le fond contient de l'eau stagnante. Il pourrait s'agir d'un endroit propice aux Cordulies écorcées.


J'ai rencontré au retour un autre espèce, nouvelle pour moi cette année: le Cordulégastre maculé (Cordulegaster maculata) en vol rapide au dessus du sentier. C'est une espèce qui se reproduit en milieu d'eau courante. Peut-être venait-il du fossé de drainage voisin, dont une portion est boisée?

Cordulegastre maculé (Cordulegaster maculata), mâle.
Fossé de drainage, portion boisée (près de l'intersection de la rue Antoine-Bouchewr et du Chemin Vanier). Un habitat potentiel pour plusieurs espèces de libellules, dont le Cordulegastre maculé. Je n'y suis pas allée en raison de la formidable colonie d'herbe à puce qui borde ce cours d'eau...

Je re-visterai les mêmes endroits la semaine prochaine.



jeudi 13 juin 2013

Début d'été au Marais Lamoureux

J'ai beaucoup de plaisir à visiter le marais Lamoureux à chaque semaine. Je vois les plantes et les animaux qui évoluent et se succèdent; tout change très vite. Ce spectacle sans cesse renouvelé est toujours d'une grande beauté. La saison des libellules n'est pas encore commencée près de la rivière des Outaouais. Par contre, au marais, elle y est déjà bien avancée. La raison est sans doute que le marais étant très peu profond, il s'est réchauffé beaucoup plus rapidement que la rivière.


Le marais Lamoureux

Cette semaine, les Libellulidées ont pris le contrôle de l'étang. Cette famille de libellules est la plus facile à observer car ses membres passent beaucoup de temps perchés.

En reproduction les 11-12 juin: (observation d'accouplements, de pontes et de luttes territoriales): La Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta); l'Anax précoce (Anax junius); la Lydienne (Libellula lydia); l'Agrion vertical (Ischnura verticalis).

En émergence les 11-12 juin (observation d'individus très ténéraux, au vol faible): la Gracieuse (Libellula pulchella); l'Érythème des étangs (Erythemis simplicicollis); l'Agrion vertical (Ischnura verticalis).

J'ai aussi observé d'autres libellules immatures, ayant probablement émergé plus tôt cette semaine: la Mélancolique (Libellula luctuosa); la Caloptéryx bistrée (Calopteryx maculata, larve dans le ruisseau et adulte dans un sentier boisé); le Leste dryade (Lestes dryas); l'Agrion vertical (Ischnura verticalis).


Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacata). La face blanche et l'unique point jaune sur  un abdomen sombre sont diagnostiques de l'espèce. Ce mâle défend âprement son territoire (une bûche flottante et le petit espace autour). 

La prochaine séquence de photo montre une Lydienne (Libellula lydia) en train de pondre. Elle vole sur place et tape à répétition la surface de l'eau avec le bout de son abdomen. La lydienne est l'espèce de libellule ayant la plus grande capacité d'expulsion d'oeufs jamais enregistrée parmi toutes les espèces de libellules du monde: 1728 oeufs par minutes (Corbet, 1999).









Cette femelle a tapoté l'eau au moins 10 fois sur une durée d'au moins 1 minute. Pendant tout ce temps,  le mâle  surveillait de près (on l'aperçoit en haut de la photo, avec son abdomen blanc et ses ailes traversée d'une large bande noire).


Au même moment, j'ai vu au moins une dizaine de Gracieuses émerger des quenouilles. On voit à peine le marquage noir sur leurs ailes fraîchement dépliées:

La Gracieuse (Libellula pulchella).
2 espèces de demoiselles aux magnifiques couleurs métalliques, vues pour la première fois cette année au marais:


Leste dryade (Lestes dryas) femelle.

Caloptéryx bistrée (Calopteryx maculata) mâle.


Source: Corbet, Philip S., 1999. Dragonflies, Behavior and ecology of Odonata. Cornell University Press, 829 pages. Un ouvrage de synthèse qualifié par plusieurs de "magistral".

lundi 10 juin 2013

Gracieuses, mélancoliques et ciboulettes


Ce matin dans Deschênes (Gatineau, secteur Aylmer), les ciboulettes sont en fleurs.



Dans les champs: 3 Gracieuses (Libellula pulchella) immatures; 2 Mélancoliques (Libellula luctuosa) immatures; 1 Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta) immature; 3 Érythèmes des étangs (Erythemis simplicicollis) immatures; 1 Macromie brune (Didymops transversa) mâle. Près d'un petit ruisseau: 1 Caloptéryx bistrée (Calopteryx maculatafemelle.


La Gracieuse (Libellula pulchella), mâle immature. Le premier que je vois cette année.

...Ce à quoi ressemblera la Gracieuse dans quelques jours:  mâle mature photographié le 28 juillet 2012, probablement ici vers la fin de sa courte vie.

La Mélancolique (Libellula luctuosa), mâle immature. Le premier que je vois cette année. La pruine blanche commence tout juste à apparaître sur les ailes.
...Ce à quoi ressemblera la Mélancolique dans quelques jours: mâle mature photographié le  13 août 2012.


Macromie brune (Didymops transversa) mâle.


Érythème des étangs (Erythemis simplicicollis). La première que je vois cette année. Je pensais au départ que c'était une femelle, mais il s'agit d'un mâle immature. Il virera au bleu d'ici quelques jours. Il s'agit d'une espèce susceptible d'être désignée vulnérable au Québec. Elle semble bien établie dans Gatineau.


Je n'ai pas de photo de la magnifique Caloptéryx bistrée. Je me promet de revenir à ce petit ruisseau de Deschênes. J'ai l'impression qu'il me réserve de belles surprises.

mercredi 5 juin 2013

En vol dans Forêt Boucher

Je me suis promenée aux 4 coins de la Forêt Boucher les 2, 3 et 4 juin, seule et en compagnie de Nathalie Bussières. Le temps était ensoleillé, mais frais: 8-10°C le matin, maximum 20°C l'après-midi, avec un bon vent. Il y avait un bon nombre de libellules en vol dans les clairières, à la lisière des arbres. C'était peut-être de jeunes adultes qui prenaient un peu d'expérience avant de retourner vers les milieux humides pour se reproduire. Il y avait sans doute aussi des adultes pleinement matures qui venaient chasser ici à l'abri du vent. J'ai identifié (par ordre d'abondance en commençant par le plus abondant): 

La lydienne (Plathemis lydia), plus de 50 adultes immatures, mâles et femelles; la quadrimaculée (Libellula quadrimaculata), plus de 20 adultes; la Cordulie écorcée (Dorocordulia libera), plus de 20 adultes en majorité des femelles; l'Anax précoce (Anax junius), plus de 10 mâles matures; la Macromie brune (Didymops transversa), plus de 5 adultes, l'Épithèque à queue de beagle (Epitheca cynosura), plus de 2 adultes mâles et femelles, La Leucorrhine frigide (Leucorrhinia frigida), 1 femelle et 1 mâle; l'Épithèque canine (Epitheca canis), 1 mâle; la Leucorrhine maculée (Leucorrhinia intacta), 1 femelle immature; le Gomphe exilé (Gomphus exilis), 1 femelle; la julienne (Ladona julia), 1 femelle immature; l'Agrion résolu (Coenagrion resolutum) 1 mâle; l'Aeschne pygmée (Gomphaeshna furcillata), 1 femelle.

La quadrimaculée (Libellula quadrimaculata)

Macromie brune (Didymops transversa)

Cordulie écorcée (Dorocordulia libera)

Anax précoce (Anax junius). Ce mâle est un migrateur qui nous est arrivé du sud en même temps que les oiseaux. D'habitude, l'Anax vole rapidement et ne se pose pas souvent. Ce jour-là, vers 17h, les anax volaient avec moins d'assurance que de coutume et se posaient souvent et longtemps au niveau du sol. De plus, la couleur de l'abdomen de celui-là semble virer au violet. Tous ces indices semblent indiquer que les anax ont froid.
Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta), femelle immature.



Leucorrhine frigide (Leucorrhinia frigida), femelle
Aeschne pygmée (Gomphaeschna furcillata) femelle. Cette libellule est très rarement vue par ici.  Elle figure sur la liste des 30 insectes qui sont susceptible d'être désignés menacés au Québec. Elle est associée aux forêts inondées; Nathalie et moi l'avons trouvée dans une petite clairière à proximité d'une grande forêt inondée (photo suivante).
S'agit-il de l'habitat de l'Aeschne pygmée que nous avons trouvée dans la clairière à proximité? Impossible d'en être certains puisque nous n'avons pas vu de larve, ni d'exuvie, ni aucune libellule en vol ici.  Seulement des milliards de maringouins.

Ce blitz d'observations dans la Forêt Boucher a été très fructueux. À suivre...


Nathalie en train d'étudier les leucorrhines




samedi 1 juin 2013

Marais Lamoureux

Vu en vol dans le marais entre 15h30 et 16h30, par une journée très chaude et humide: 1 Épithèque canine (Epitheca canis) mâle mature; 3 Anax (Anax junius) mâles; 3 Leucorrhines mouchetées (Leucorrhinia intacta) mâles matures; 1 Lydienne (Plathemis lydia) mâle mature; au moins 30 Agrions verticaux (Ischnura verticalis) mâles et femelles, matures et immatures, 1 couple en copulation, au moins 10 femelles en ponte.


Leucorrhine mouchetée (Leucorrhinia intacta) mâle, avec son point jaune.  Peut-être le même individu que j'ai rencontré ici le 17 mai alors qu'il venait d'émerger?


L'Anax (Anax junius) semble toujours pressé.  J'ai vu au moins 3 mâles qui circulaient sur tout le marais, gobant au passage  divers moucherons, tentant des attaques sur les Leucorrhines et les Épithèques.


Un nouveau venu cette année: la lydienne (Plathemis lydia). Un mâle sur une bûche, dans une pose classique pour l'espèce.


Les Agrions verticaux (Ischnura verticalis) commencent à s'accoupler et à pondre. En même temps, il y a encore des individus immatures dans les herbes. 

Le temps où les Épithèques régnaient en seigneurs sur le marais semble tirer à sa fin...du moins par ici.

De nouveaux acteurs arrivent de jour en jour.